Les braises encore fumantes des élections législatives, prêtes dans l’instant à redevenir incendiaires, ont aussi fait totalement disparaître le sujet de l’éducation pourtant présenté comme « fer de lance », « mère de toutes les batailles » et autres formules plus riches de communication que d’action de la politique gouvernementale, encore quelques heures avant la dissolution.
Mais tout va s’arranger, braves gens : « Nous parlons et travaillons avec tout le monde, et nous allons rassembler autour de la culture du compromis ». Ne nous y trompons pas : derrière les paroles lénifiantes de ceux qui ont été réélus sous l’étiquette de la majorité présidentielle, il n’y a qu’un élément de langage destiné à cacher un opportunisme de circonstance, la fin justifiant les moyens.
Cette incantation ne serait, en effet, audible et crédible que s’il y avait, au préalable, un socle idéologique solide et identifiable, fait de valeurs et de constance, et constitutif d’un programme gouvernemental : quelle économie, quel modèle de société, quel degré de libéralisme, et, bien sûr, quelle éducation ? Mais quoi de commun entre le modèle d’école de La France insoumise, de la majorité présidentielle éparpillée façon puzzle, du Rassemblement national et ses dix millions de voix et donc d’électeurs, de la gauche Camif et de la droite classique ? Il y en a pourtant un, paradoxal : l’idée partagée que tout va très mal et que tout est à reprendre du sol au plafond.
Dans le désastre ambiant (…), pourquoi ne pas reprendre tout à zéro, posément et pragmatiquement, à l’initiative des collectivités ?
Alors, dans le désastre ambiant (désertion de la profession, résultats scolaires calamiteux, insécurité très inquiétante pour les élèves, les enseignants et les agents, et puisqu’au mieux le nouveau gouvernement appliquera une politique conservatoire et immobiliste), pourquoi ne pas reprendre tout à zéro, posément et pragmatiquement, à l’initiative des collectivités ?
Plutôt que s’étriller sur l’opposition entre éducation nationale et instruction publique, faisons le simple constat qu’un établissement scolaire est un lieu de vie dont les membres, et non les usagers, passent beaucoup de temps ensemble, parfois plus qu’avec leur propre famille, et que, par conséquent, quelle que soit la posture idéologique, de fait, l’établissement scolaire est un lieu d’éducation, où il est nécessaire de penser, d’écrire et de faire respecter des règles. Oser l’exercice de faire écrire, par exemple, un règlement intérieur par les élèves eux-mêmes est redoutable. Le résultat est bien plus sévère que celui des adultes, souvent aberrant voire absurde comme la fameuse « exclusion temporaire avec sursis », singeant la sémantique pénale.
Les élèves, et singulièrement les plus fragiles, ont bien compris que ce n’est qu’une fois posé un environnement sécurisé, physique et psychologique, qu’il est possible, le cœur léger et l’esprit apaisé, de rencontrer la connaissance et d’apprendre la concentration et la persévérance. Bien avant, donc, le soutien, au nom des besoins ou des niveaux, qu’importe finalement, nous, adultes, leur devons tout simplement la protection. Si, sur ce point précis, des décisions radicales étaient prises au côté des collectivités, alors la maison éducation ne serait plus de paille. Chiche.
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