La dissolution décidée unilatéralement par Emmanuel Macron a stupéfié nos partenaires européens. Les atermoiements du président de la République qui tarde à nommer un Premier ministre les interrogent. En attendant, l’Europe avance… mais sans la France, de moins en moins influente quand les sujets à traiter sont pourtant de grande importance.
À l’heure où le locataire de l’Élysée donne le sentiment de prendre plaisir à « gouverner » sans gouvernement, il est nécessaire de rappeler l’absolue nécessité de savoir où va la France en Europe, en tout domaine de bâtir une stratégie et enfin de disposer de ministres compétents dans un contexte européen et international empreint de rapports de force.
L’épreuve de vérité est bien entendu l’élaboration des projets de lois de finances, acte hautement politique s’il en est, car traduisant les ambitions, en monnaie sonnante et trébuchante, d’un gouvernement. La Commission européenne a placé la France sous procédure de déficit excessif. Quelle sera la feuille de route du ministre des Finances ? À défaut de sérieux, de courage et de volontarisme, Bruxelles nous imposera les réformes nécessaires à notre redressement budgétaire.
« L’une des premières missions du ministre serait de veiller, sans plus attendre, à la défense des intérêts de nos pêcheurs dans les négociations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. »
Mais s’il n’y avait que ce sujet à prendre à bras-le-corps au niveau européen ! Géopolitique, sécurité, immigration, compétitivité économique, agriculture, pêche, transition écologique, intelligence artificielle, cohésion sociale… Ils sont nombreux les domaines dans lesquels la France doit savoir ce qu’elle veut pour mieux défendre ses intérêts.
Il en est ainsi de nos relations avec le Royaume-Uni à l’heure où le nouveau Premier ministre travailliste britannique semble décidé à reprendre langue avec l’Union européenne. Certains saisissent l’occasion ! Lors de la visite à Berlin de Keir Starmer, le chancelier social-démocrate Olaf Scholz a en effet évoqué un méga-accord sur le Brexit, intégrant tout autant la sécurité que les questions agricoles, les échanges Erasmus ou les qualifications professionnelles. Avons-nous entendu une réaction de la France, 5e partenaire commercial du Royaume-Uni ?
Les mois à venir seront pourtant marqués par les renégociations de l’accord de commerce et de coopération conclu à l’occasion du Brexit. Pour mémoire et pour la pêche, l’accord prévoyait une période d’adaptation jusqu’en 2026, avec les conséquences négatives que l’on sait sur la pêche française en général et bretonne en particulier. Et après ?
La présidente de la Commission européenne, reconduite, a annoncé un commissaire européen PPE dédié à la pêche. Cela semble a priori une bonne nouvelle, devrait inciter la France à préparer ses arguments… et annoncer un vrai ministère de la Mer… qui ne serait pas un sous-produit d’un ministère de l’Écologie. L’une des premières missions du ministre serait de veiller, sans plus attendre, à la défense des intérêts de nos pêcheurs dans les négociations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.
La pause des Jeux olympiques a certes fait du bien à la Nation mais la grande compétition internationale a continué pendant ce temps. Or, nous ne connaissons pas la composition de l’équipe de France pour les nouvelles épreuves qui s’annoncent. Alors qu’elle n’est même pas sur la ligne de départ, nos concurrents sont quant à eux déjà partis. Il y a donc urgence…
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